Sur les deux camps, la forte pluie du jour, retient les équipes sur la base de vie toute la matinée. Du côté du Barros Luco, le temps est mis à profit pour faire un peu de bricolage et remonter à la cabane du bois de chauffe laissé au « port », Denis et Clément font eux de la maintenance des zodiacs afin qu'ils puissent être opérationnels pour l'après midi. L'équipe se divise ensuite en trois groupes : Charlotte, Clément et Laurent partent au porche de la grotte des « Quatre Entrées Plus Une » pour y récupérer une sonde de température posée lors de la précédente expédition UP-2019 ainsi qu'une plaque de verre sur laquelle de la calcite a pu précipiter durant ces quatre dernières années. Bernard, Denis et Laurent accompagnent en zodiac les trois chiliens jusqu'à la grotte des « Trois Entrées Plus Une », ils vont installer un camp sous l'un des porches à l'instar des nomades kawésqars.
L'équipe de biologistes chiliens a pour objectif de capturer des chauves-souris dont la présence a pu être identifiée par des enregistrements réalisés en 2019, ils vont pour cela, poser des filets spécifiques et aussi prélever des roches pour une autre étude portant sur les micro-organismes. Ils vont passer deux jours et deux nuits pour réaliser ces travaux. Bernard en profite pour faire des images avec un drone, qui malheureusement pris par une bourrasque de vent, fini sa course dans les branches d'un arbre avant de retomber dans les eaux saumâtres du seno. Laurent, équipé d'une combinaison étanche et situé non loin de la scène, n'hésite pas une seconde pour plonger héroïquement dans l'eau afin de tenter de sauver le drone en moins de 3 minutes ! Mais, malheureusement les images du crash ne pourront pas être récupérées. De leur côté, Nicolas, Christophe, Gwladys et Amandine partent depuis la base de vie pour grimper sur les grès et faire quelques observations géologiques dans les environs.
Coté Egg Serge, Richard, Jérémie, Mehdi et Caroline profitent eux d'une brève accalmie pour aller observer la résurgence de la Golondrina dont le bouillon dû aux fortes pluies de ces derniers jours est visible à l'oeil nu depuis le camp. Le débit de sortie estimé à 40 m3/s rend toute plongée du siphon impossible alors qu'il avait été exploré quelques jours auparavant.
Jules, Alex et Franck ajoutent eux plus de 250 mètres de topographie dans la grotte des Pirates. La progression devient de plus en plus en plus complexe dans cette cavité, il faut bien souvent ramper dans la boue et parfois même creuser pour pouvoir poursuivre les explorations, mais le courant d'air est là ! Avant de faire demi-tour l'équipe effectue quelques collectes dont l'une donnera le nom à la dernière galerie découverte, la "galerie des lombrics".
C'est enfin, une journée de météo plus clémente coté Egg, les "grosses" explorations peuvent donc reprendre. Ainsi, Jules, Alex, Franck et Natalia partent à l'Aven des Arches Perdues. C'est la cinquième visite dans cette cavité pour Alex! En cours de progression, il perd son descendeur et doit passer à nouveau tous les passages étroits du méandre pour tenter de le récupérer. Une fois arrivés au dernier point topographié, Jules et Alex reprennent en main distoX et Nautiz de chez Handheld tandis que Franck et Natalia partent équiper un puits d'où l'on entend la rivière. C'est au pied d'un deuxième puits qu'ils peuvent enfin atteindre celle-ci, magnifiquement creusée dans le marbre blanc. Elle file de ressauts en ressauts jusqu'à 3 siphons, marquant le terminus de la cavité vers l'aval. Mais les affluents et les galeries fossiles sont nombreux, il faudra revenir. Pour ce jour, ce sont 400 mètres de topographie qui sont ajoutés à cette cavité.
Pendant ce temps une équipe composée de Serge, Richard, Jérémie, Florian, Caroline et Christian part baliser le chemin d'accès au camp Nord-Ouest. Celui-ci a été peu fréquenté et la progression à travers la forêt n'est pas évidente. David et Mehdi leur emboîte le pas peu après pour une mission de prospection dans cette zone sur les deux jours qui viennent. Ils s'installent confortablement au camp.
Sur le Barros Luco, Charlotte, Katia, Denis et Christophe retournent à la grotte des « Trois Entrées Plus Une » pour récupérer les sondes de température et une plaque en verre laissée sur le lieu de prélèvement d'une stalagmite en 2019.
L'autre équipe, composée de Nicolas, Clément, Amandine, Gwladys et Carlos profite des rares rayons de soleil pour prospecter dans le secteur de Punta Blanca. Leur chemin se trace d'abord facilement à travers la végétation et devient ensuite plus difficile sur le lapiaz imposant quelques pas d'escalade. De beaux points de vue dominent la baie de Punta Blanca et le Pacifique. Lors du retour en zodiac, un groupe de 6 dauphins vient s'amuser avec l'embarcation offrant un spectacle inoubliable.
Les scientifiques chiliens, de leur côté, ont capturé une chauve-souris (individu mâle adulte, histiotus magellanicus), qu'ils ont mesuré et pesé. L'individu capturé est analysé, photographié puis relâché dans son environnement. Un échantillonnage de poils et de peau permettra de réaliser des analyses plus poussées en laboratoire (étude génétique, traçage isotopique, présence éventuelle du champignon causant une maladie chez les chauves-souris). Des prélèvements de roches et du sol à différents endroits dans la zone d'entrée de la cavité permettront de caractériser les communautés de bactéries et probablement de découvrir de nouvelles espèces vivant dans ces milieux extrêmes.
Sans grande surprise, il pleut à nouveau ce jeudi 23 février, mais cela n'entache pas la motivation générale ! Une première équipe (Bernard, Nicolas, Denis, Clément) part avec l'objectif de reprendre l'exploration du gouffre des Gaugés découvert en 2019 qui mentionne « un arrêt sur rien et sur gros courant d'air ». Le gouffre s'ouvre sur le massif calcaire qui s'atteint en escaladant de très belles cannelures. Denis équipe le puits qui s'arrête malheureusement à la profondeur de -90m sur un courant d'air tournant au travers de cheminées remontantes, qui ne donnent rien d'intéressant pour l'exploration. Le nom du gouffre a, lui, bien été confirmé, les spéléos sont sortis complètement trempés ! En parallèle, l'équipe des filles (Katia, Gwladys, Charlotte et Amandine) monte dans le même secteur pour observer un dyke (formation géologique) de toute beauté. Les Gore-Tex ne résisteront pas à la pluie et au vent qui se déchaînent sur le massif. Malgré tout, sur le chemin du retour, les filles ne résistent pas à la cueillette des baies de Calafate, cette plante native de Patagonie, à la fois redoutée pour ses épines (qui peuvent se planter dans les yeux ou les fesses des aventuriers), qu'appréciée pour ses baies bleues comestibles.
Partis sur les traces du groupe de la veille, Christophe et Carlos conduits par Laurent et un couple de dauphin, débarquent dans la baie de Punta Blanca. L'objectif initial était de monter au sommet du massif mais face au brouillard levant, ils changent d'avis à mi-chemin renonçant à l'ascension et font demi-tour. De retour à l'embarcadère, Laurent et Carlos désamarrent le zodiac et remarquent alors un petit porche situé à 3m au-dessus du niveau de la mer. Les trois hommes viennent de découvrir une cavité d'une cinquantaine de mètres de développement où le passage des Kawésqars a laissé quelques traces. Un croquis est rapidement dressé et la cavité baptisée « Grotte de l'Ancien ». Une 2ème visite sera nécessaire pour lever la topographie précise et documenter en détail les vestiges kawésqars. Affaire à suivre.
Sur le Egg, Mehdi et David sont eux sur le camp Nord-ouest, ils effectuent là une séquence de prospection de près de 12 kms sous la pluie. Une « aubaine » dans ces circonstances car il suffit de suivre le cheminement de l'eau qui ruisselle sur le calcaire et qui se perd bien souvent dans des méandres ou gouffres avoisinants. C'est ainsi qu'une quinzaine d'objectifs sont repérés lors de cette séance dont deux qui semblent bien prometteurs.
Sur le camp de base Egg, l'ambiance générale est à la récupération d'autant plus que les fortes pluies compliquent la poursuite des explorations éloignées.
Serge, Jules et Florian partent tout de même au porche d'Eden, une petite cavité située au-dessus de la résurgence de Golondrina. Celle-ci est constituée de multiples petits conduits se recoupant, formant un site idéal pour une initiation à la spéléologie. Une bonne opportunité d'autant plus que nous attendons la visite de quelques enfants de Puerto Eden pour le 7 mars prochain, et souhaitons, si cette cavité le permet, leur réserver la surprise d'une découverte spéléologique.
Sur les deux camps, la mauvaise météo contraint tout le monde à rester relativement cloisonné sur les bases de vie. Les averses de grêle s'enchainent, les bourrasques de vent font trembler les tôles des constructions et la pluie s'éternise. Pour autant, les équipes fourmillent : remise au propre des topographies, des pointages GPS et des données scientifiques, tri des photos, monté du bois de chauffe, entretient des groupes électrogènes, séchage du matériel et des vêtements ... Coté Barros Luco, Nicolas profite même de ce temps de répit pour construire, avec l'aide de Denis et Clément, un banc en bois qui manquait tant pour les soirées conviviales près du poêle. La journée est finalement bien remplie...
Sur le Egg, après une longue nuit passée sous la pluie et le vent, au camp nord-Ouest, Mehdi et David arrivent détrempés au camp de base vers le milieu de journée. C'est là qu'ils apprennent la mauvaise nouvelle du jour : une fuite de gaz qui a entièrement vidé l'unique bouteille de 45 L, alimentant la base de vie. A partir de là, plus de douche chaude et surtout plus de gazinière pour cuisiner ! Voilà donc en deux temps trois mouvements, une équipe qui passe en mode "dégradé", devant dorénavant faire usage du poêle à bois pour faire chauffer ses repas !
Ce même jour, une équipe composée de Richard, Serge, Jérémie, Jules, Franck, et Caroline prospectent la côte calcaire et pose pied sur une île cherchant d'éventuelles cavités. Pas de grosses découvertes, en revanche le retour sur une mer déchaînée est épique. Un des bateaux touche un écueil, le moteur cale et l'embarcation dérive vers la côte rocheuse ... Situation délicate récupérée de justesse, tout le monde rentre au port sain et sauf. Lors du débarquement, Franck glisse et tape sur le bord du Tempanos, probablement une côte fêlée ...
C'est l'effervescence sur la base de vie du Barros Luco la cabane, tout le monde se prépare pour les 3 objectifs de la journée : rejoindre le camp avancé du Jackpot (Denis, Amandine, Charlotte, Clément, Nicolas et Jaime) ; lever la topographie de la Grotte de l'Ancien et la documenter à l'aide de photographies (Katia, Christophe, Laurent, Bernard,) ; et enfin repérer un emplacement propice pour la capture de chauves-souris dans le secteur de Punta Blanca (Gonzalo, Matías, Gwladys, Carlos). Ces plans initiaux se sont vus perturbés au fil de la journée, la Patagonie rappelant à ses aventuriers leur humilité face aux éléments naturels.
Les deux zodiacs, en direction de la baie de Punta Blanca, subissent le grésil et la mer déchainée sous l'effet de la houle venue du Pacifique. Lors de l'accostage, un des Bombards manœuvré par Laurent, émet un chuintement de mauvais augure. Une pointe acérée de calcaire vient de perforer l'enveloppe de l'embarcation. Par mesure de prudence, le retour s'impose car la perte d'un zodiac sur deux, dans cet endroit avec une mer qui forcit pourrait s'avérer très compliqué, voir risqué. Une fois rentré au camp de base, l'heure est à la réparation de la déchirure du zodiac sous une pluie battante ce qui ne simplifie pas la tâche. En parallèle, l'autre groupe arrive avec les sacs bien chargés au camp avancé du Jackpot après 1h30 d'ascension sous une très forte pluie. Et là, c'est la consternation, le camp est dévasté ! Les intenses intempéries des derniers jours, dont trois nuits avec des rafales de vent dépassant les 100km/h, ont complètement soufflé les tentes : toiles déchirées, arceaux pliés, cordelettes sectionnées, et une tente envolée sur quelques dizaines mètres... Le matériel éparpillé est trop endommagé pour pouvoir être remonté et utilisé.
Le retour à la cabane du Barros Luco s'impose, et aussitôt le contact radio est établi par l'équipe avec le camp de base afin de coordonner ce repli. Une fois rentrés, les habits et corps trempés se réchauffent auprès du poêle, la soirée est conviviale. Minuit passé, l'anniversaire de Matías est célébré au pas de la Cueca, la danse traditionnelle chilienne.
Du côté du Egg, face au problème posé par la panne de gaz, la recherche d'options s'impose. Et, il en est un peu de même du côté du Barros Luco, avec là, une problématique toute autre, celle de la météo... Une météo particulièrement capricieuse cette année qui ne laisse entrevoir aucune fenêtre de sortie à court terme afin de permettre l'évacuation de l'équipe et son matériel du seno ; celui-ci étant uniquement accessible par bateau depuis le front pacifique. Face à ces problématiques, Bernard et Natalia conviennent donc d'une modification de la date d'arrivée du Note Rindas au 28 février dans le but de rapatrier plus rapidement du gaz à l'équipe du Egg et de disposer d'une plus grande fenêtre de manœuvre afin de rapatrier en temps et en heure par bateau l'équipe Barros Luco.
Serge, Jérémie et Florian retournent eux ce même jour, au porche d'Eden pour y peaufiner l'équipement de la cavité. Ils mettent en place un circuit ludique et pédagogique qui permettra aux enfants de Puerto Eden de pouvoir découvrir tous les aspects de la spéléologie.
De leur côté Alex, Jules et Franck s'offrent une nouvelle sortie topo à la grotte des Pirates. Ils y explorent une nouvelle galerie permettant de faire de nombreux bouclages avec les galeries. Le fond de cette dernière est atteint après une mémorable séance de désobstruction dans l'argile. Ils repèrent également une escalade facile et prometteuse ...
Sur les deux camps, c'est encore une journée qui démarre sous le signe de la tempête, avec une nuit où tout le monde dort très mal avec les rafales de vent violent et la pluie qui ne cesse de frapper les tentes.
Au départ, un transfert d'équipe vers le Barros Luco avait été planifié pour Caroline et Christian, Natalia et Serge s'étant proposé pour les accompagner jusqu'au point de récupération coté Barros Luco, mais après communication entre les deux équipes tout le monde est bien d'avis pour abandonner cette opération. Sage décision au final...à la vue de la météo qui sévira durant toute la journée.
Au final coté Egg, Caroline et Jérémie effectuent une plongée dans l'Estero tandis que David, Jules et Franck retournent eux observer la résurgence de la Golondrina qui est encore plus impressionnante que lors des grands jours, avec un véritable geyser s'échappant de la cavité.
Du coté Baros Luco, rien de bien mieux, la puissance des éléments faisant gronder en continue les tôles de la cabane. A nouveau, tout le monde est cantonné aux activités sur la base de vie : maintenance des groupes électrogènes, des équipements de navigation, remise au propre des données scientifiques, etc... Sous cette pluie incessante Katia ravive malgré tout le moral des troupes grâce à ses cookies au chocolat faits maison !
L'équipe Jackpot retourne au camp avancé et remonte trois tentes en étoile solidement attachées les unes aux autres et renforcées par des murets de pierre pour limiter l'engouffrement du vent sous les toiles. Une fois le campement réinstallé, Gwladys et Nicolas s'aventurent sur le lapiaz pour prospecter et localisent plusieurs trous intéressants. Pendant ce temps Charlotte, Denis, Clément, Jaime et Amandine s'engouffrent dans le Jackpot. L'objectif est double : un carottage dans une stalagmite à -150m pour l'étude des paléoclimats pilotée par Charlotte et l'initiation de Jaime à la spéléologie. Jaime a déjà suivi de son coté une formation aux techniques de cordes, au sein de l'Association de Spéléologie de Patagonie présidée par Natalia, et c'est là en réalité sa première véritable sortie spéléo, car très peu d'endroits au Chili en permettent la pratique. Retour au camp après 6h sous terre. Durant toute la nuit, la pluie n'a cessé de s'abattre sur les tentes et les rafales de vent dépassant les 100 km/h ont bien secoué leurs occupants.
Parallèlement, le reste de l'effectif passe la journée dans la baie de Punta Blanca. Carlos accompagne Gonzalo et Matias dans l'entrée de la grotte de Punta Blanca, où ils installent eux aussi leur campement pour les prochains jours et tenter de capturer des chauves-souris. Laurent, Katia, Christophe et Bernard poursuivent eux l'exploration et la topographie de la grotte de l'Ancien qui forme un réseau de galeries étroites comprenant une dizaine d'ouvertures sur l'extérieur. L'équipe est malheureusement stoppée par la chute malencontreuse du disto X (instrument de mesure servant à topographier) au fond d'une fissure étroite le rendant inaccessible, un incident qui clôturera la journée.
Du côté du Egg, le beau temps est aussi presque de retour, et tout le monde s'active pour partir à nouveau sur le terrain. Une équipe composée d'Alex, Florian, Jules et David s'élance elle, à l'assaut du camp Nord-Ouest. A peine arrivés au camp, ils enchaînent avec une séance spéléo. Leur premier objectif est un gouffre repéré par Mehdi et David le 23 février, nommé "la grande faille du bout du monde". Jules et Florian équipent un puits de 40 mètres malheureusement sans suite. Pendant ce temps Alex et David effectuent une traversée dans un méandre donnant 120 mètres de développement. Le retour vers le camps avancé se fait de nuit mais un succulent canard confit apporté par Florian les attend.
De leur côté Serge, Richard, Natalia, Mehdi, Jérémie, Caroline et Christian montent au camp des Champis. Serge et Richard pour faire des observations et des photos géomorphologiques, les autres pour contrôler l'état du camp après ces journées de tempête. Ils le trouvent en piteux état mais sans dégradations majeures. Le temps sec leur permet de le déplacer dans une zone située à proximité et mieux protégée. Tout est prêt pour de nouvelles explorations dans ce secteur.
Sur le camp Nord-Ouest, toujours côté Egg, l'équipe se prépare aujourd'hui pour une nouvelle journée spéléo. Jules, Alex, Florian et David retournent dans la zone pour revoir une résurgence repérée la veille. Celle-ci révèle un immense porche d'où sort une cascade de plusieurs mètres de haut. Alex pénètre dans le méandre d'où sort l'eau mais s'arrête au bout d'une dizaine de mètres car trop engagé. Puis il escalade précautionneusement l'énorme éboulis surplombant la cascade et retrouve une galerie qui semble conduire vers la rivière située en dessous, il observe au passage de belle concrétions mais malheureusement pas de suite... Le groupe décide de suivre l'important cours d'eau qui sort de cette résurgence. Renforcé par plusieurs rivières affluentes, il se dirige vers une petite forêt pour enfin se jeter dans un gouffre. Malgré les quelques averses de grêle de la journée le volume d'eau déversant dans le puits d'entrée reste raisonnable et permet une descente en sécurité. L'équipement très collectif de la main courante inspirera le nom donné à cette nouvelle cavité "un cône por favor". Le puits de 25 mètres de marbre blanc lessivé par l'écoulement de l'eau donne sur un méandre mais l'équipe s'arrêtera ici pour cette séance.
Depuis le camp Mehdi, Jérémie Caroline et Franck prévoient une nouvelle visite de la "cueva no time". Cette cavité située au-dessus de la résurgence au sud du camp a été explorée rapidement en 2008 par Stéphane et Bernard et nous n'en avons qu'un simple croquis d'exploration. Mais l'entrée étroite semble siphonner au bout de quelques mètres, ce sera donc pour une autre fois. Ils en profitent pour prospecter aux alentours et découvrent à quelques 80 mètres au-dessus de la mer une cavité nommée "Casablanca" de par la blancheur de ses parois.
Dans les contrés du Barros Luco, la nuit a aussi été mouvementée sous les tentes, Charlotte, Denis, Jaime et Clément décident donc au matin de rester en surface sur le magnifique lapiaz, tandis que Gwladys, Nicolas et Amandine partent en début d'après-midi au fond du Jackpot pour lever la topographie d'une galerie explorée la semaine précédente. Le niveau d'eau est notablement plus important que la veille absorbant encore les fortes pluies tombées dans la nuit. L'équipe topographie donc quelques 135m dans un boyau glaiseux et venteux puis décide de faire demi-tour face aux nombreuses arrivées d'eau, signe que le système est en train de se mettre en charge. Etant donné que la météo annonce de fortes pluies pour la fin de journée, et que les cascades ont déjà bien forci, montrant des signes de crue, l'équipe entame sa remonté vers la surface et ressort bien rincée après 8h passées sous terre. C'est dorénavant confirmé par la topographie relevée, le Jackpot dépasse maintenant la côte des -300m de profondeur.
De leur côté, les chiliens qui sont toujours en campement sur l'entrée de Punta Blanca, installent des filets mais aucune chauve-souris ne vient s'y piéger. Pourtant la découverte de fientes témoigne bien de leur présence à une certaine période.
Sur la base de vie du Barros Luco, la journée est au report topographique, au nettoyage des équipements et bricolages divers, dont la fabrication d'une palette d'instruments à l'aide d'objets de récupération pour tenter un repêchage de fortune du disto X disparu dans la faille la veille.
Départ matinal de la base de vie du Barros Luco vers le réseau de l'Ancien à bord de deux embarcations, mais Bernard décide de faire demi-tour à mi-chemin, face à la violence de la houle et du vent. Deux éléments, qui conjugués à une navigation ouverte sur le pacifique, sont susceptibles à tout moment de retourner l'une ou l'autre des embarcations à chaque franchissement de vague. De retour à la base du Barros Luco, 2h d'attente se sont avérées obligatoires pour obtenir l'accalmie compatible avec une navigation en toute sécurité. « Celui qui se dépêche en Patagonie, perd son temps », proverbe patagon qui prend tout son sens... La seconde tentative pour se rendre dans la baie de Punta Blanca sera la bonne. Laurent récupère les chiliens et leur matériel scientifique, tandis que Bernard, Carlos, Christophe et Katia, retournent dans la grotte de l'Ancien. Equipé de leur attirail conçu la veille avec les moyens du bord (filet de citrons, came fabriquée avec les piquets des tentes dévastées et d'un tampon collant), Bernard fait preuve d'une grande dextérité pour extraire tout en délicatesse et précision le disto X de son piège. L'opération de sauvetage réussie, l'appareil de mesure est immédiatement remis en service pour poursuivre avec une équipe sur une grosse séance de topographie, tandis qu'une seconde équipe prend, elle, la direction de la surface pour prospecter le plateau supérieur.
Sur le camp avancé du Jackpot, c'est le rangement qui occupe ce matin l'équipe sous un froid piquant. Aussi chargé que des mules, le groupe redescend en suivant pour regagner en fin d'après midi la cabane du Barros Luco.
Sur le Egg, l'accalmie tant attendue est aussi au rendez-vous, il faut en profiter sans tarder, d'autant que de fortes précipitations sont attendues pour le lendemain. Natalia, Serge et Florian déséquipent le porche Eden ...
En fait, ce lundi 27, c'est une triste nouvelle qui est parvenue en simultané aux équipes Egg et Barros Luco : la visite des enfants de Puerto Eden qui devait avoir lieu sur le Egg, a dû être annulée. Le bateau de soutien de cette importante activité, la Yepayek de la CONAF, ne peut plus se rendre sur Eden aux dates initialement convenues il y a plusieurs mois. Sa venue est maintenue plus tard, mais celui-ci ne servira qu'à la phase de démantèlement du camp Egg. Cette nouvelle est également tombée comme un seau d'eau froide sur le village de Puerto Eden attristant aussi bien là, petits et grands de voir cette visite minutieusement préparée depuis des mois entre Natalia et la communauté éducative de Puerto Eden tomber à l'eau. Une visite qui était initialement prévue pour les 6, 7 et 8 mars, qui comprenait notamment plusieurs activités avec l'équipe de Centre Terre, comme leur participation à une visioconférence avec les écoles situées en France au 7 mars, ou encore une visite prévue sur mesure, autour d'un circuit spéléologique envisagé dans la grotte d'Eden.
La déception est d'autant plus grande, qu'en quelques années, c'est la deuxième fois qu'une activité ainsi prévue avec les enfants de Puerto Eden se voit annulée à la toute dernière minute, soit par un manque de moyens logistiques, ou de personnels d'entités partenaires comme la Marine et la CONAF. Ces activités, conjointement organisées entre Centre Terre, l'Association Spéléologique de Patagonie et la communauté éducative de Puerto Eden, sont en effet ici une manière de partager nos découvertes et connaissances du territoire avec les habitants locaux, un point qui nous tient à cœur, et sur lequel nous continuerons à travailler en évitant toutes nouvelles déconvenues.
Dans la réflexion conduite au jour le jour par Bernard et Natalia, la Yepayek garde toutefois un rôle d'importance pour le repli final de l'expédition, celui d'appuyer et compléter les moyens de navigation pour permettre aux équipements et personnes de rentrer dans les temps sur Puerto Eden.
Côté activité, Jérémie et Franck ne comptent pas laisser passer la fenêtre météo du jour, ils s'activent pour partir plonger à la résurgence Golondrina. Si la crue est passée le débit reste toutefois fort. Ils décident tout de même de tenter le passage. Le fil a été endommagé en de nombreux endroits par le courant et impose une bonne séance de raccommodage. Au point bas, la section du conduit diminue et le courant s'intensifie. La progression se fait donc collé au sol, en se tractant sur les rochers. Enfin, l'élargissement tant attendu apparaît, le passage est franchi. Franck et Jérémie étaient à deux doigts de renoncer ! Derrière le siphon, ils reprennent leur séance topo. Arrivés à une bifurcation, ils prennent à droite et perdent le courant d'air. Ils finissent par atteindre un nouveau siphon. Une galerie étroite remonte au-delà, mais ce sera tout pour aujourd'hui ! Revenus à la bifurcation, ils enchaînent les visées vers une galerie qui devient confortable. Mais les nombreux bruits d'eau qui résonnent à travers les fissures sous leurs pas semblent indiquer que le niveau baisse, mais en est-on bien sûr ? Arrêt par manque de sérénité, dans une belle galerie qui file vers l'inconnu. Aura-t-on l'opportunité d'y revenir cette année ? C'est plus de 250 m de nouvelles galeries qui auront été explorées ce jour. Finalement, le niveau a bien baissé et la sortie du siphon se fait en toute quiétude.
Bernard en étroite concertation avec Natalia et également Yvan, capitaine du Note Rindas, pistent depuis plusieurs jours déjà, une toute petite fenêtre météo qui se profile pour pouvoir entrer, puis quitter de façon certaine le seno du Barros Luco tant avec le matériel que les personnes... Celle-ci s'entraperçoit pour le week-end... plus précisément sur quelques heures ce samedi, elle ne doit en aucun cas être ratée que les incidences en seraient fort couteuses. Sur le Barros Luco, la journée est donc consacrée au commencement du nettoyage et rangement du matériel, au conditionnement des bidons et à leur descente « au port » à l'aide de la tyrolienne... L'enjeu est d'importance, en 3h ce samedi toute l'équipe devra être repliée, et cette base de vie construite en 2017 de nouveau abandonnée pour un temps certain !