Tel que planifié, l'équipe composée de Bernard, Clément, Katia, Denis, Carlos et Laurent, partie à bord du No te Rindas le 15 février sur le coup des 22h s'arrête après 4h de navigation dans une petite anse abritée aux portes du Pacifique, au puerto Henry. Chacun trouve tant bien que mal une place pour dormir dans le petit bateau de pêcheur. Le 15 février, dès les premières lueurs du jour, l'équipe repart affronter le Pacifique pour rejoindre le Seno Barros Luco. Ivan, le capitaine a pris l'option de croiser au plus court... soit en longeant directement la bordure côtière entre de très nombreux récifs et îlots. La navigation est de fait peu confortable, en raison de la houle qui berce l'embarcation au roulis, mais c'est sans aucun doute la voie la plus rapide, une voie bien connue du capitaine qui est venu plus d'une fois pécher ici de l'oursin. Dans ces eaux bien peu profondes, le bruit du moteur est de longue accompagné de celui du sonar qui ne cesse de biper, nous avons là, au mieux de 3 à 9m maximun de profondeur sous la quille, ce qui n'inquiète pas pour autant le capitaine.
Coté Egg, le camp se réveille dans un calme relatif, après l'effervescence des derniers jours. La météo est au diapason, les conditions sont clémentes sur l'Estero.
Gonzalo vient demander un avis auprès de Jules au sujet d'une écharde de bambou qu'il s'était mis dans l'avant-bras une dizaine de jour avant l'expédition. Après un repérage par échographie, Jules décide de retirer le reste du corps étranger. Un « mimi » bloc opératoire est monté dans les conditions d'hygiène les plus propres offertes par la cabane. Une petite incision puis Jules retire un morceau de 4cm de bambou, et ferme avec un point de suture la plaie.
Du côté du Barros Luco, après 5h de navigation, le suspens qui retenait tout le monde est levé : la cabane du camp de base du Barros Luco entre en ligne de mire de l'équipe partie la veille ! Construite lors de l'expédition UP 2017 et restaurée en 2019, la cabane, dont nous n'avions pas de nouvelle depuis, a résisté au rude climat de Patagonie et domine toujours la baie sur le Seno. L'équipe, aussitôt à terre, procède à l'inspection de la cabane. Il y a de nombreuses détériorations dues aux conditions climatiques, à la présence de rongeurs et à quelques pillages (bois, fenêtre, etc...) par des marins de passage. Il faudra réparer tous ces dommages mais la cabane est dans son ensemble viable, c'est un grand soulagement pour toute l'équipe !
Sans perdre de temps, l'équipe s'attelle au montage d'une tyrolienne de 146m de long qui relie le « point de mouillage et de déchargement » à la cabane située 46m plus haut et qui, grâce à un treuil thermique, va permettre d'acheminer le matériel. Pendant ce temps, Bernard part à bord du No te Rindas jusqu'au fond du fjord Lastarria pour récupérer le reste de l'équipe qui transite à pied depuis l'Estero Egg.
En effet, dès lors que l'existence de la cabane a été confirmée ainsi que son état contrôlé, Bernard avait lancé le top départ pour le reste de l'équipe « Barros Luco », qui ne pouvait être prise à bord du No te Rindas, et qui doit maintenant rejoindre ce camp de base depuis le camp Egg par voie terrestre. Nicolas, Gwladys, Christophe, Charlotte, Amandine, Gonzalo, Matías et Jaime quittent l'Estero Egg en zodiac jusqu'au point de départ de la traversée qu'ils franchissent sous une pluie fine en 2h15 de marche avec les sacs sur le dos. L'équipe retrouve Bernard et monte à bord du No te Rindas. En une heure de navigation et sous l'escorte de dauphins venus s'amuser dans les remous du bateau, l'équipe arrive à la cabane du Barros Luco. Là commence la lourde phase de déchargement du No te Rindas et de l'acheminement du matériel jusqu'au camp de base. La priorité, en cette fin de journée, est également de monter les 2 tentes russes qui serviront d'une part pour stocker les vivres et le matériel d'exploration et d'autre part pour le couchage des 14 personnes présentes sur le camp. En parallèle, l'assainissement de la cabane, envahie par les rongeurs en l'absence d'occupation humaine, ainsi que l'installation de l'électricité et du poêle permettent à l'équipe d'être rapidement au sec, au chaud et d'avoir de la lumière. Sans relâche, les efforts sont intenses et se poursuivent jusqu'aux derniers rayons de soleil qui perdurent bien après 22h sous ces latitudes australes. Au terme de cette longue journée, l'équipe fête enfin son arrivée à destination finale et inaugure la renaissance de la base de vie du Barros Luco ! Le No te Rindas, lui, s'empresse de repartir dans la foulée, profitant de la fenêtre météo qui permet de traverser de nouveau face au Pacifique et de rejoindre l'Estero Egg. Voilà l'équipe du « Barros Lucos », livrée à elle-même, en autonomie complète jusqu'à début mars (ou jusqu'à la prochaine fenêtre météo permettant de quitter le seno...).
Sur l'Estero Egg, l'équipe est maintenant réduite à 13 pour au moins 8 jours. Que de changement après la vie à plus de 30 sur cette base de vie !
C'est là, la première journée de terrain pour les nouveaux arrivants, et l'objectif du jour est à l'acclimatation. Richard organise une excursion géo-karsto sur le lapiaz au-dessus du camp à laquelle participent Alex, Florian et Serge, accompagnés de Caroline et Christian. Jules et Mehdi mettent également le pied sur le calcaire, histoire de repérer le cheminement vers les prochains objectifs et de prendre la mesure de l'énorme potentiel de la zone. De leur côté, Jérémie et Franck s'activent au coin « plongée ». La météo n'a permis aucune avancée sur ce domaine, mais les choses ont l'air de vouloir changer. Entretien du compresseur, gonflage des blocs, métrage du fil d'Ariane... Tout est prêt pour tenter enfin une première incursion dans la grosse émergence au nord de la base. Franck se met à l'eau avec une configuration légère. Le courant est notable, mais le siphon est cette fois-ci pénétrable. La galerie est vaste et descend sur une pente régulière de 30° environ, recoupant plusieurs couches d'eau de salinité différente. A -39 m, un point bas est atteint. La galerie remonte franchement, creusée à présent dans un beau marbre blanc. Le demi-tour est décidé après avoir déroulé 90 m de fil, à la profondeur de -28 m environ, à cause du froid mordant. Tout laisse à penser que le franchissement de ce siphon est pour bientôt, les perspectives d'exploration sont enthousiasmantes ! Jérémie, qui attend au départ du siphon, suscite la curiosité d'une hirondelle qui passe au plus près de lui. Le nom de la résurgence est trouvé : ce sera la Golondrina !
La journée du 16 février est consacrée à rendre opérationnelle la base de vie du Barros Luco. Sous une météo inhabituellement clémente, les 14 membres que comptent maintenant l'équipe sur place, s'activent pour remettre en état la cabane : réparation du plancher et des fenêtres cassées, mise en place de l'alimentation en eau et en gaz, installation des sanitaires, aménagement intérieur, etc... Cette cabane est un élément central pour assurer le coté sécuritaire et le bon fonctionnement de l'équipe sur place : à la fois base scientifique, technique et lieu de vie apportant un certain confort apprécié au fil des semaines dans ces conditions difficiles. Elle permet aussi le repli de l'équipe en cas de mauvais temps prolongé. En parallèle, les équipements de navigation sont mis en service, de même que les équipements de communication qui assurent le lien avec la base de vie de l'Estéro Egg et ainsi qu'avec le reste du monde. Les stocks de nourriture sont rangés et inventoriés dans une tente russe. Les derniers bidons de matériel restés au port sont également montés à l'aide de la tyrolienne. En fin de journée, le travail collectif a porté ses fruits : la base de vie est fonctionnelle et déjà bien accueillante !
Le doux ronron du moteur du No te Rindas de retour du Barros Luco, réveille le camp de base du Egg. L'heure a sonné pour charger à son bord tout le matériel devenu à présent inutile en vue de le rapatrier sur Puerto Eden, en attente de sa mise en conteneur. Les marins Ivan et Mario donnent la main, et la séance rapidement menée, avant de se voir clôturée par un convivial café avec ces efficaces et amicaux marins, qui ont même pris la peine de nous préparer du pain sur leur bateau !
Chacun peut à présent se concentrer sur ses objectifs. Alex a repéré ces derniers jours une magnifique ligne sur une paroi tout en cannelures, au-dessus de la résurgence au sud de la base. Une belle voie de 80 mètres, qu'il compte bien grimper, à la faveur du beau temps à présent avec nous. Ce serait une première lors de nos expéditions ! Il part donc en repérage accompagné de Flo, autre spécialiste, de Serge et de Richard.
Peu de répit en revanche pour Natalia qui continue inlassablement à coordonner le transit de l'équipe de janvier de Puerto Natales vers Punta Arenas et à suivre en duo avec Bernard, la bonne marche de toute l'organisation de la suite de l'expédition. Une tâche qui l'occupe une bonne partie de la journée. Enfin vers 18 heures, elle peut prendre le large avec Mehdi, Jules et David pour le camp avancé des Champis ou ils comptent passer deux nuits pour poursuivre les explorations, sur le prometteur Gouffre du Bowling.
De leur côté, Jérémie et Franck comptent profiter des bonnes conditions météo pour préparer une nouvelle plongée à la Résurgence Golondrina, ou ils filmeront leur première en direct. Christian et Caroline les accompagnent pour des prises de vue et de son de la mise à l'eau. Le courant a encore diminué. Le terminus de la veille est vite atteint, il est temps de raccorder le fil et de partir vers l'inconnu. La galerie est magnifique et continue à remonter. Mais soudain une pluie de particules tombe du plafond, la visibilité se dégrade. Le courant qui servait de fil conducteur est perdu. 150 m de fil ont été déroulés depuis l'entrée, et la profondeur n'est que de 6 mètres. L'équipe pense être proche de la sortie, mais pensant avoir loupé le conduit principal, les deux plongeurs décident de faire demi-tour. Comme il lui reste un peu d'autonomie sur ses bouteilles, Franck décide en suivant, d'aller faire une première incursion dans la résurgence au pied de la Grotte des Pirates, toute proche. Il y déroule 45 m de fil, jusqu'à la profondeur de -25 m. Là, le conduit se ramifie, les passages sont étroits, et la suite n'est pas évidente. Pendant ce temps, un groupe de 4 visons d'Amérique fait son show devant le regard de Caroline, Christian et Jérémie. Aussi sympathiques que puissent être ces petites créatures qui arpentent la plage à marée basse à la recherche des poissons piégés dans les vasques d'eau ou sous les rochers, elles n'ont pas leur place dans les canaux. C'est une espèce invasive, échappée de tentatives d'élevage en Argentine. Leur expansion dans différentes zones de Patagonie préoccupe les naturalistes.
Coté Barros Luco, les premières missions de terrain démarrent
Tandis que Bernard, Carlos, Clément et Denis restent à la base de vie pour finaliser les derniers travaux, le reste de l'équipe profite de la fenêtre météo pour partir installer un camp avancé à 360m d'altitude. L'objectif est de poursuivre l'exploration du gouffre Jackpot découvert lors de l'expédition UP2019. Après un court trajet en Bombards, c'est à travers la végétation dense de la forêt magellanique que le groupe se trace un chemin. La progression entre les racines et les branches recouvertes de mousses impose une vigilance constante car cet enchevêtrement de végétation peut cacher un vide qui peut être un vrai piège. Gonzalo, biologiste, attire l'attention sur 2 petits nids de colibris suspendus aux branches. Sortis de la forêt, le groupe chemine à travers un éboulis et des petites escalades équipées de cordes pour atteindre le replat de grès où Katia et Laurent retrouvent l'emplacement du camp établi lors de l'expédition précédente. Avec l'aide de Christophe, Gwladys, Charlotte et Nicolas, ils montent les 3 tentes sur un emplacement restreint et s'installent pour passer la nuit. Participant au portage du matériel jusqu'au camp avancé, Jaime, Matías, Gonzalo et Amandine entament maintenant le retour vers le camp de base. Matías, microbiologiste, en profite pour réaliser des prélèvements de roches qui seront envoyées dans un laboratoire pour étudier les communautés de bactéries présentes. Amandine, géologue, fait quelques observations et relevés qui serviront pour établir la carte géologique de l'île.
Sur le Egg, aujourd'hui, le temps est au calme, même si une petite bruine continue tombe sur le camp. Pas de quoi décourager nos grimpeurs Alex et Flo, qui comptent mettre en œuvre l'escalade de la voie repérée la veille. Épaulés par Serge, filmés par Gilles, Caroline et Christian, ils s'élancent à l'assaut de la paroi passablement humide. Cela ne facilite pas leur tâche, mais ils résisteront mieux que le drone de Gilles qui, las de virevolter sous la pluie, décidera de se crasher en pleine paroi au-dessus de leur tête. Heureusement, Alex réussira à récupérer le kamikaze et à sauver au moins sa carte SD ! Leur objectif est enfin atteint, plus qu'à tirer deux rappels et ils peuvent enfin souffler et savourer leur exploit. Mais l'heure n'est pas au farniente, car à peine rentrés à la base, les voilà qui se préparent et filent lourdement chargés vers le camp avancé des Champis pour renforcer l'équipe déjà en place.
Natalia, Mehdi, Jules et David partent ce matin vers la Perte des 2 lacs, une grosse perte repérée au contact des grès et du calcaire encore inexplorée. L'équipement n'est pas aisé, tant la roche est délitée et les blocs nombreux. En se décalant et en fractionnant, ils atteignent néanmoins la base d'un premier puits de 40 m et arrivent à la lèvre d'un second de même ampleur, mais à l'accès délicat. Il faudra faire là, une bonne séance de nettoyage et pour l'heure, ils décident de rentrer.
Pour les plongeurs Franck et Jérémie, l'objectif est tout trouvé : ils retournent à la Résurgence Golondrina. Tandis que Franck attaque la topographie du siphon, Jérémie part devant et file directement au terminus. Étant seul, il bénéficie d'une meilleure visibilité et repère sans mal la suite de la galerie, sans retrouver cependant le courant. Après deux cloches, il franchit enfin le siphon qui développe donc 174 m pour une profondeur de -38 m (-39 m à marée haute). Tout en topographiant, Franck inspecte les moindres passages et repère plusieurs conduits d'où provient le courant, mais aucun ne semble suffisamment haut pour espérer y poursuivre l'exploration. Les deux plongeurs se retrouvent post siphon, déposent leur matériel de plongée et partent à l'assaut de la galerie qui s'ouvrent devant eux. Elle se divise rapidement en deux conduits. Le plus évident est sur la gauche. Il mène à une galerie principale remontante, recoupée par de nombreux diverticules. Après 200 mètres de première environ, ils arrêtent là leur explo. La cavité continue en plusieurs points, mais sans suite évidente, il faudra revenir faire la topographie.
La reprise des explorations a sonné sur le Barros Luco.
Cette journée marque le début des explorations sur les 2 objectifs principaux de l'équipe du Barros Luco : le gouffre Jackpot et la grotte des 3 Entrées + Une.
Depuis le camp avancé, Katia et Laurent retrouvent facilement l'entrée du Jackpot. L'équipe progresse dans la cavité jusqu'au dernier point topographié en 2019 situé à -263m de profondeur. De là, commence l'exploration en suivant la rivière sur une centaine de mètres jusqu'à un rétrécissement de la galerie qui s'arrête sur une étroiture comblée de cailloux. Katia, Nico Christophe partent explorer un boyau latéral qui laisse envisager une suite possible, tandis que Gwladys, Charlotte et Laurent lèvent la topographie des nouvelles galeries explorées. Ce gouffre présente un réel intérêt scientifique sur de multiples aspects. Charlotte, paléoclimatologue, pose des sondes pour le suivi de la température en différents endroits de la cavité, prélève des échantillons d'eau s'écoulant de fistuleuses et pose une lame mince sur une stalagmite active. Des prélèvements de roches sont aussi réalisés pour compléter l'étude de Matías sur les micro-organismes. Des échantillons d'eau de rivière sont également prélevés pour être analysés ultérieurement en laboratoire. Enfin, un détecteur à ultrasons est posé à l'entrée de la cavité pour enregistrer l'éventuelle présence de chauves-souris (étude menée par Gonzalo). Le retour au camp avancé se fait sous la bruine.
De leur côté, Bernard, Carlos, Clément, Denis et Amandine partent en zodiac pour atteindre en une demi-heure de navigation la grotte des 3 Entrées + Une. L'objectif est de poursuivre l'exploration commencée lors des expéditions UP2017 et UP2019. L'équipe passe 9h sous terre et complète la topographie de la cavité avec quelques 130 mètres de nouvelles galeries explorées. Des échantillons de roches sont là aussi prélevés pour l'étude des micro-organismes et un détecteur à ultrasons est posé sous le porche d'entrée. Le retour en zodiac a été un grand moment d'aventure qui marquera les mémoires... Partis dans la nuit parfaitement noire et relativement calme, le vent et la pluie se sont peu à peu renforcés se combinant même par moment avec du grésil. Repliés dans le zodiac sous les trombes d'eau et les bourrasques de vent, c'est avec la seule trace enregistrée sur le GPS que Bernard peut tant bien que mal diriger l'embarcation. Les vagues compliquent fortement la navigation et secouent le zodiac et son équipage dans tous les sens. Des cris arrivent de l'avant « vague, Vague, VAGUE !!!! » et SPLASH !... l'énorme vague passe par-dessus bord rinçant tout le monde jusqu'à l'os. D'autres vagues continuent de submerger l'embarcation qui paraît bien frêle face aux éléments déchaînés ! Au bout d'une heure qui semble interminable, la lumière de la cabane est en vue : sauvés ! De retour au camp de base peu avant minuit, les empanadas fait-maison par les chiliens ont été savoureusement appréciés !
Resté la journée à proximité de la base de vie, Jaime, biologiste, a installé un piège pour attirer les guêpes et commencer un inventaire des espèces animales observés. Avec l'aide de Gonzalo, ils ont également photographié différentes espèces d'oiseaux.
Du coté du Egg, c'est une belle matinée prometteuse sans pluie qui démarre camp des Champis. Et c'est tant mieux car l'équipe est à présent forte de 6 spéléos prêts à en découdre. Elle se divise autour de deux objectifs. Natalia, Mehdi et David partent sur le Gouffre du Bowling exploré précédemment jusqu'à -160 mètres environ avec un arrêt sur des galeries sub-horizontales prometteuses. Ils s'engagent en priorité sur l'actif, le méandre, large au départ, se rétrécit puis finit par se stabiliser, ils cumulent les points topo et finissent par sonner le retour, en ayant gagné près de 50 m de dénivelé. La suite est là, évidente et tentante, Natalia prend le temps de faire des prélèvements de roches et de sédiments dans le conduit fossile pour les recherches en microbiologie de Matias.
L'autre équipe du camp des Champis, soit Jules, Alex et Flo, s'est donné pour objectif la poursuite de l'exploration de la Perte des Deux Lacs. Le cheminement depuis le camp jusqu'à la cavité traverse alternativement des zones de lapiés dénudées et des zones de forêt peu dense. C'est en sortant de cette dernière barrière végétale que Flo se prend une branche épineuse de Calafate dans l'œil gauche. La douleur est immédiate et la plaie semble sérieuse. Vaillant, Flo compte malgré tout accompagner ses amis. Il commence même à équiper le puits, mais il doit bien vite laisser Alex aux manœuvres. Celui-ci, après moult décalages pour éviter l'actif encore conséquent malgré plusieurs jours sans pluie, atteint enfin le fond, après une descente d'une quarantaine de mètres. Toute l'équipe s'élance alors dans un joli méandre bien arrosé, qui bute malheureusement après une petite centaine de mètres sur un amoncellement de blocs instable. Le cours d'eau se perd à travers celui-ci, la suite est impénétrable, c'est la fin de la Perte des Deux Lacs.
De retour au camp, David, Natalia, Mehdi et Jules prennent le chemin du retour, comme convenu. Pour Alex et Flo, le doute s'installe : ils devaient être rejoint le lendemain par Franck et Jérémie pour la poursuite des explos, mais la blessure à l'œil de Flo semble trop sérieuse pour rester sur ce programme. Ils décident finalement de passer la nuit au camp et de prendre la décision le lendemain en fonction de son évolution.
Côté base, Franck et Jérémie se fixent comme objectif une nouvelle plongée à la Résurgence Golondrina. Maintenant en terrain connu, les plongeurs franchissent bien vite le siphon et s'attellent à la topographie de la partie précédemment explorée. Entre les visées qui s'enchaînent, Franck effectue quelques collectes de faune souterraine. La trémie atteinte, franchie, et derrière c'est une magnifique galerie qui se dévoile. La surprise est bienvenue ! Après un dernier point topo, les deux plongeurs partent en courte reconnaissance, presque en courant. Le plafond finit par s'abaisser, mais le courant d'air est bien là, et il est sûr que de belles explos les attendent...pour la prochaine fois !
Repli sur la base de vie du Barros Luco, avant le déluge annoncé
Avant la dégradation de la météo, Gonzalo et Jaime installent un filet qui permet de capturer les chauves souris à proximité de la base de vie et continuent leur documentation sur les espèces d'oiseaux.
Après une humide nuit de sommeil, l'équipe du camp avancé entame elle, son retour vers la base de vie avec Denis qui fait le taxi-zodiac pour récupérer l'équipe à l'heure convenue... Le retour à la cabane se fait sans encombre cette fois-ci, et c'est une longue soirée de retrouvailles commence.
Du coté du Egg, la pluie était attendue pour toute la journée mais c'est au final un beau rayon de soleil et un magnifique arc-en-ciel qui réveillent ce matin le camp du Egg. Une liaison radio avec Alex informe d'un important gonflement de l'œil de Florian, et que dans ces conditions, il n'est pas envisageable pour le duo de rester plus longtemps en camp avancé, ils entament donc leur descente. Sur la base de vie l'heure est a l'amélioration du confort. Un cheminement en bois est ainsi fait entre la cabane et la zone des tentes, ce qui permet de se déplacer sur les différents lieux du camp en évitant les zones boueuses.
Dés l'équipe rentrée, Jules s'occupe de l'œil de Flo, qui présente une belle lésion de la cornée. L'après-midi débute sur un rythme tranquille, entre report topo, nettoyage du matériel, tri des photos. Mais ce beau temps non annoncé titille certains et Alex, Jules et Franck finissent par se préparer pour une virée à la grotte des Pirates. Alex souhaitant y déposer des capteurs de températures et d'humidité et faire des prélèvements de roches pour Matias. Franck, de son côté compte plonger le siphon qui, selon les hypothèses et les espoirs, pourrait bien donner sur le collecteur. Une fois Franck parti sous la surface, Jules et Alex filent à leurs objectifs. De l'autre côté du miroir, c'est une magnifique galerie qui descend, creusée dans un beau marbre blanc. Le collecteur tant attendu est bien au rendez-vous. Franck déroule la totalité de son dévidoir, soit 95 mètres. Après un point bas à -23, la galerie remonte jusqu'à la profondeur de -13 m. La suite est-elle sous l'eau, ou en surface ? C'est la prochaine plongée qui précisera cela.
Alors que tout le monde est réuni à la cabane, la pluie annoncée finit par arriver. Cette trêve de beau temps a été plus que bienvenue, et nous sommes heureux d'avoir pu eu profiter ! Nous savons que la pluie nous attend ces prochains jours, mais que du beau temps s'annonce à nouveau. Nous serons d'attaque pour la suite !