Ce dimanche 15 janvier sur Puerto Eden, Richard organise une excursion en direction du Mont Panchote qui domine Puerto Eden. Le nom de Panchote provient d'un Kaweskar de Puerto Eden qui était très grand et qui faisait peur à cause de sa grande taille (et de ses grandes mains rugueuses car il charpentier de marine).
Le but de la sortie, est d'approcher le sommet de ce mont Panchote, afin de mieux pouvoir examiner sa calotte glaciaire sommitale qui fond de jour en jour. L'équipe cinéma en profite également pour faire une séquence d'observation sur un petit glacier sommital situé vers 1200 m d'altitude sur l'île Wellington granitique, toute proche, et cinq fois plus grande que celle de Puerto Eden.
Après un dimanche de pause pour toute l'équipe de préexpédition, l'opération courses format XXXL reprend au galop, avec ce coup-ci l'achat de tout les produits frais dont un très conséquent volume de légumes frais en mesure de se conserver un maximum de jours, une opération qui impose d'écumer plusieurs commerces de la ville.
En France, la seconde équipe Centre Terre constituée de 17 participants, prend aujourd'hui son envol de Paris pour Santiago à 23h30.
Du côté de Puerto Eden, une famille de pécheurs, a indiqué à nos deux plongeurs, Caroline et Laurent, la présence d'une carcasse de baleine à faible profondeur à proximité de Puerto Eden. Plusieurs plongées sont programmées, avec Didier en chef navigant sur un Bombard C5, équipé d'un moteur Suzuki de 25 Ch, flambant neuf.
La baleine gît entre 5 et 20 mètres de profondeur, ses ossements sont quelque peu éparpillés sur les fonds marins dans la prairie de Kelp. On reconnaît facilement la tête, les vertèbres, les côtes. L'espèce n'a pas été identifiée par les plongeurs, mais les images qu'ils ont réalisées seront montrées à un spécialiste qui la déterminera.
Dernière longueur du coté de la préexpédition... C'est aujourd'hui la journée fignolage sur les petits manques, puis l'intensive préparation de la réception de l'équipe en transit de France, sur la fin de journée. Un accueil fait en fanfare, en raison de l'anniversaire de Lolo, qui permet à nos nouveaux arrivants de goûter dans une ambiance des plus conviviales à nombre de spécialités chiliennes en une seule et unique soirée : piscosur, pébré, ceintollas, agneau patagon, brochettes de beef argentin et salade ...
À Puerto Eden, c'est la séquence Pêche au narguilé qui est au programme de l'équipe de tournage, une des activités traditionnelles locales.
Une partie de l'équipe embarque donc ce mardi sur le « Sur Oeste », bateau de Javier et son fils Esteban, pour une démonstration grandeur nature. La zone de pêche se situe non loin de Puerto Eden, entre les îlots de la baie, à l'abri des courants. Une fois le bateau bien ancré, Esteban revêt une combinaison néoprène épaisse d'environ 2 centimètres, qui le protégera du froid. Habituellement, une plongée peut durer jusqu'à 3 heures à une profondeur de 10 à 15 mètres. Il est relié à la surface par un tuyau d'air comprimé, le narguilé, qui lui permet de respirer. Armé d'une bourriche, Esteban se jette à l'eau. Une ceinture de plombs le maintien au fond. La plongée durera cette fois-ci une trentaine de minutes.
En surface, Javier déroule le long tuyau qui permet à son fils de respirer. Il garde aussi un œil sur le compresseur qui insuffle l'air dans le tuyau.
Au fond, Esteban gratte la vase et récolte rapidement une bonne quinzaine de kilos de palourdes (« almejas »). Une deuxième plongée sur un autre site permettra de ramasser une bourriche d'oursins.
Enfin... C'est le glas de la fin de la préexpédition qui est sonné !
9h, un camion est chargé des bombards et des motorisations Suzuki restant encore au container. A 10h ce même camion fait une halte devant le plus grand supermarché de la ville pour y charger 5 palettes de vivres. Une dernière halte à 11h devant l'hôtel Martita achève son remplissage avec près de 250 cartons de tailles diverses et variées, stockés là au fil de la semaine par l'équipe de préexpédition.
13h30 le pique-nique achevé, les 25 membres de l'équipe embarquent dans un bus. Direction : le ferry Crux Australis, situé à trois heures trente de là, dans la baie de Puerto Natales.
À Puerto Eden, c'est aujourd'hui, la séquence technique d'initiation à la spéléo avec un entraînement ciblé sur 8 enfants de Puerto Eden, des enfants déjà impliqués au côté de Natalia dans le cadre d'activités portées par l'association Chilienne de Spéléologie, une émanation de Centre Terre destinée à porter un développement autonome de la spéléologie, en territoire chilien. Le parcours du jour, est également encadré par Didier. Il commence par une descente en pente douce suivie une courte verticale que les enfants abordent au descendeur spéléo. Viennent ensuite une main courante, puis une verticale de 5 à 6 mètres, contre paroi, que tous les enfants descendent facilement.
Vendredi 20 janvier - 6 heures du matin - le ferry Crux Auxtralis arrive après 29 heures de navigation depuis Puerto Natales, un record. À son bord se trouve l'équipe « courses » de la préexpédition, l'équipe de spéléologues et de scientifiques du mois de janvier, ainsi qu'un camion plein de victuailles et de matériel.
À peine le bateau accosté, la fourmilière Centre Terre s'active sous l'œil ubiquiste du Jefe General Bernard. Le camion est vite déchargé. Tout ce qui était stocké à l'entrepôt du port où qui est déchargé du ferry est trié, puis chargé sur les quatre bateaux qui formeront l'escadrille Centre Terre. Parmi elles, trois embarcations sont contractés : le Don Tito, la Note Rinda, le Pas Austral, et la Yepayek en appui et soutien logistique gracieusement mise à disposition pour cette mission par le partenaire CONAF (Corporation Forestière Nationale). Sur cette journée, ce sont près de 30 tonnes de matériel, vivres, équipements divers, et près de 10 m3 de bois qui serviront à la construction de la cabane du Seno Egg qui sont déplacés par l'équipe.
Le trajet vers le seno Egg dure 10h sur une mer assez calme. Nous voguons vers le sud en empruntant tout d'abord le canal Wide puis au niveau de l'île Topar, nous bifurquons vers l'ouest pour traverser dans sa diagonale le canal Trinidad. Madre de Dios se dévoile à bâbord avec l'océan Pacifique au devant, la houle augmente. Encore trois heures de navigation et nous entrons dans l'estero Egg qui est un vaste fjord sur la côte nord de l'île. L'opération prend fin à la nuit noire pour les deux dernières embarcations qui ferment la marche.
Dans l'estero, les quatre bateaux passent la nuit, arrimés côte à côte et le déchargement commence dès le lendemain matin (dimanche 22 janvier).
Afin d'optimiser ce labeur, une tyrolienne d'une soixantaine de mètres a été installée entre la plage rocheuse et la plate-forme de proximité de là où vont être construits, la base de vie et les plateformes de couchage. Elle permet de monter toutes les lourdes charges (bois de construction, bouteille de gaz, poêle...), mais aussi toutes les affaires personnelles de l'équipe (sacs à dos, bidons...).
Cette tyrolienne permet également de gagner en disponibilité sur les personnes pour les nombreuses autres tâches à assurer, à comparer d'une chaîne humaine. Chacun, orienté où de son propre chef, trouve vite sa place dans cet immense chantier : une équipe au déchargement, deux équipes à la tyrolienne, une équipe au gonflage et à la préparation des zodiacs, et une équipe de charpentiers qui attaque déjà la construction de la plate-forme où seront montées les premières tentes « dortoirs » pour la nuit.
Le lendemain (lundi 23 janvier), la mauvaise surprise est double : d'une part les averses de pluie et de grêle s'enchainent, et plus grave, d'autre part, la marée de la nuit nous a embarqué nombre des équipements stockés la veille en point haut sur la plage de déchargement... Des planches, des poutres et des équipements divers qui se sont éparpillés sur toute la côte environnante.
Moindre mal le vent nord-est était dans le bon sens, ce qui semble avoir évité un éparpillement bien pire encore. La plus grosse perte et la plus préoccupante : deux C5 empilés la veille manquent à l'inventaire fait par Bernard. Deux équipes sont immédiatement dépêchées pour une pèche au gros, l'une sur la côte, l'autre en direction du seno Trinidad. Coup de chance, ou coup du sort... tout est récupéré y compris les deux embarcations retrouvées à la dérive, à quelques 2500 m de la plage utilisée pour le débarquement, et à moins d'une heure de se voir définitivement perdu pour l'équipe si ces gonfles Bombards livrées à elles même, avaient atteint le venteux canal Trinidad.
Pendant ce temps passé à réparer les erreurs de la veille, le déchargement continu et les charpentiers attaquent eux, la construction de la base de vie. Cédric, qui avec Nicolas a dessiné les plans de cette construction à ériger, coordonne la manœuvre, entouré d'une équipe efficace triée sur le volet dont font partie Sylvain, Sébastien, Clément, Lionel. Ca mesure, scie, cale, positionne, renforce, visse et cloue du madrier en non-stop, parfois sous une pluie battante, parfois sous le soleil, parfois sous une belle averse de grêle, avec un résultat à la hauteur puisqu'à 20h le soir, c'est la totalité de la surface de l'ossature d'embase de la construction prévue qui est en place, prête à réceptionner le plancher.
Mardi 24 janvier, aujourd'hui ce sont de nouveaux mouvements d'équipes qui démarrent avec la constitution de trois sous groupes.
Sur l'estero Egg, huit personnes restent pour finir la construction du camp, reconnaître le terrain sur ces approches vers les plateaux calcaires et y débuter les premières explorations. Il y a un duo en chefs de camp Franck et Alexandre A. Ils sont accompagnés de Christine, Joël, Olivier, Alexandre H., Jessica, Cédric et Florian C.
Sur le No te Rindas et le Don Tito, une seconde équipe prend la direction du « Campo de Hielo Sur », troisième calotte glaciaire au monde après les deux pôles, afin d'installer un camp en secteur glaciaire sur l'Estero Calvo. Natalia est à la coordination, accompagnée de Denis, Katia, Carlos, Sylvain, Clément, Arnaud, Laurence, Tanguy, Lionel, Michel et Serge, sans oublier Jérôme de l'équipe cinéma.
Enfin, sur le Paz Austral, une troisième équipe prend elle aussi la mer pour un périple sur les traces des nomades Kaweskar autour de l'île de Madre de Dios, on y trouve Bernard, deux prestigieux représentants de la communauté Kaweskar : Francisco et Maria-Isabel, fille de Gabriela ainsi que Richard, Charlotte, Laurent, Marie, Rafaël et Didier. Le gros de l'équipe cinéma est également de cette virée avec : Gilles, Caroline, Christian et Bruno. Pour cette équipe, la première étape est la base minière de Guarelo située au sud de Madre de Dios.