Centre Terre, une association membre de la Fédération Française de Spéléologie, agréée Education Nationale


Un voyage de reconnaissance impacté par la crise du coronavirus

Publié le 18-04-2020

Ceux qui nous suivent savent que nos mises à jour sont caractérisées par un certain décalage entre nos activités et nos publications. Cela vaut autant pour les expéditions elles-mêmes que pour les temps qui les précédent et les suivent, lorsque nous ne pouvons communiquer de façon instantanée depuis le terrain lui-même. Cela peut être dû à la difficulté de coordonner tous ceux qui participent à ce processus créatif (écriture, révision, traduction, illustration), à la dynamique de rotation des équipes sur le terrain (qui profitent pleinement des fenêtres du beau temps pour explorer), à leur éloignement du camp de base pendant plusieurs jours, à leur éventuel confinement en raison du mauvais temps, en ne disposant que de moyens de communication restreints.

Confinement : un mot devenu récurrent de nos jours...

Plus d'un mois s'est écoulé depuis notre dernière mise à jour, dans laquelle nous vous annoncions un voyage de reconnaissance à quatre personnes prévu pour mars, afin de préciser les aspects logistiques de l'expédition Última Patagonia 2021. Parmi les aléas possibles, nous n’avions pas prévu la crise sanitaire mondiale qui allait contrarier notre périple...

Le jeu de la Patagonie idéalisé et réalisé par Angélika Nodari et Arthus dans l’attente de nouvelle du papa confiné à Puerto Edén
Le jeu de la Patagonie idéalisé et réalisé par Angélika Nodari et Arthus dans l’attente de nouvelle du papa confiné à Puerto Edén

Le 10 mars, Denis, Florian et Bernard décollent de Toulouse pour rejoindre Punta Arenas, puis Puerto Natalès où Natalia et Gilles les devances avec quelque douze jours de vivres pré-conditionnés.

Une logistique millimétrique du pur style de “Centre Terre”.
Une logistique millimétrique du pur style de “Centre Terre”.

A l’aube du 12 mars, le moteur du ferry TABSA vrombit, l’ancre est levée, le départ s’opère à l’heure exacte. Ce ferry est le moyen de transport que l’équipe Centre Terre prévoit pour faire transiter toute son équipe en janvier prochain vers Puerto Edén, où démarrera officiellement l’expédition UP2022. Ce choix qui change nos habitudes à longuement été étudié au sein de Centre Terre, ainsi qu’avec nombre de nos collaborateurs et partenaires aussi bien en France qu’au Chili. Il vise à répondre à de nouvelles problématiques. Parmi elles, il est particulièrement important de mesurer de quelle façon ce projet 2021 va être accueilli par les habitants du petit village de Puerto Edén, le plus proche de l'archipel de Madre de Dios, par lequel nous allons transiter.

Le ferry TABSA opère la route Puerto Natales – Puerto Yungay en passant par Puerto Edén et Caleta Tortel, deux lieux peuplés, parmi les plus éloignés du continent
Le ferry TABSA opère la route Puerto Natales – Puerto Yungay en passant par Puerto Edén et Caleta Tortel, deux lieux peuplés, parmi les plus éloignés du continent
La baie de Puerto Edén dispose de passerelles pedestres sur plusieurs kilomètres de sa cote, du port au mirador, ou se situe l’antenne Entel qui permet au villaje d’être connecté avec le monde
La baie de Puerto Edén dispose de passerelles pedestres sur plusieurs kilomètres de sa cote, du port au mirador, ou se situe l’antenne Entel qui permet au villaje d’être connecté avec le monde

Même ponctualité le 13 mars, quand nous débarquons sur l’Ile de Puerto Edén, où nous attend Juan, l’armateur sur qui Centre Terre à jeté son dévolu pour acheminer cette mission de reconaissance. Le temps est aujourd’hui idéal pour naviguer et l’équipe est arrivée relativement tôt à destination. Va-t-il être possible d’avancer le départ de Puerto Edén, initialement prévu pour le 14 mars au matin ?

Eh bien non ! Aujourd’hui s’arrètent la rigueur et le possible : l’équipe est maintenant entrée dans le "tempo" des canaux de la Patagonie, ou l'imprévisibilité redoutable des bateaux de pêche dicte sa et régit le temps...

En effet, le bateau attendu a subi une panne et n'a pas encore atteint Puerto Edén... Du temps se dégage donc pour les réunions et les visites envisagées au plan local à Puerto Edén. Nous commençons par celle prévue à l'école Miguel Montecinos, où en novembre 2019 l’équipe Centre Terre avait réalisé une activité afin de sensibiliser des enfants de l'école et de la garderie aux glaciers de marbre et à la spéléologie. L'équipe pédagogique et les tuteurs des enfants connaissent maintenant notre équipe. Notre proposition de sensibilisation au travers de la prochaine expédition a été très bien accueillie. Elle bénéficie d’ores et déjà du soutien d’un grand nombre de parents et de celui du corps enseignant, qui semblent presque plus enthousiastes que les enfants eux-mêmes, lorsque le projet est présenté !

Le travail se poursuit non stop, pour finaliser les réparations du  “Cabo Pilar”
Le travail se poursuit non stop, pour finaliser les réparations du “Cabo Pilar”
Juan Vilo, ce pécheur est l’armateur de Puerto  Edén en qui l’équipe à dévouée sa confiance pour naviguer à bord du “Cabo Pilar”
Juan Vilo, ce pécheur est l’armateur de Puerto Edén en qui l’équipe à dévouée sa confiance pour naviguer à bord du “Cabo Pilar”

Le 14 mars, le bateau est arrivé sur place, mais il semble qu'à la panne de la boîte de vitesses survenue en cours de trajet, se soit ajouté le tuyau d'échappement qui s’est brisé, un marin l’ayant malencontreusement utilisée comme point d'appui pour sortir en cabine depuis la salle des machines… Heureusement, tous les corps de métiers se trouvent à Puerto Eden. À 17 h 30, après 6 heures de travail du soudeur local, notre coquille de noix met enfin le cap sur Madre de Dios, mouillant à la tombée de la nuit à environ 5 heures de l'île Topar.

L’archipel de Madre de Dios, Bien Nacional Protegé par la haute administration du  Ministère de Bienes Nacionales de Chile, une entité publique avec qui Centre Terre entretient de forts liens de coopération depuis 2005
L’archipel de Madre de Dios, Bien Nacional Protegé par la haute administration du Ministère de Bienes Nacionales de Chile, une entité publique avec qui Centre Terre entretient de forts liens de coopération depuis 2005

Le 15 à 6 heures, Bernard sonne le clairon : la journée s’annonce longue et pour changer, la météo prévoit une dégradation dès le lendemain. La mission "seno Egg" doit donc être menée le plus tôt possible, notamment pour éviter d’être coincés au retour devant le canal Trinidad, très exposé au Pacifique et qui pourrait rapidement devenir impraticable. L’objectif prioritaire est de trouver dans le seno Egg un emplacement approprié pour le futur camp de base, mais également d’ouvrir un chemin de liaison pédestre entre le Seno Egg et le Seno Barros Luco. La pluie s’est invitée au rendez-vous lorsque le seno Egg est enfin atteint. Pendant que le bateau cherche un endroit pour s'ancrer pour la nuit, notre équipe utilise la barque en bois motorisée disponible à bord pour récupérer le matériel laissé là à la fin de la dernière expédition UP2019 : un petit Bombard doté de divers équipements et contenant un lot de spéléothèmes. À notre grande surprise, le Bombard, qui n’a pas pu se détacher seul a pourtant disparu ! Aucune trace de corde rompue ou de branches cassées. Après une heure de recherches, il faut se rendre à l’évidence : notre matériel s'est volatilisé… Une situation bien regrettable.

La partie Nord de l’archipel de  Madre de Dios, objectif de l’expédition Ultima Patagonia 2021
La partie Nord de l’archipel de Madre de Dios, objectif de l’expédition Ultima Patagonia 2021

Ce revers une fois constaté, l'équipe se concentre sur la recherche d’un emplacement de camp pour UP2022. Tout le linéaire de côte du secteur est fouillé. La pluie s’intensifie et le brouillard s’installe ; les conditions sont loin d’êtres idéales, d’autant que la pénombre commence également à descendre. Une heure plus tard, alors que tout le monde est rincé, un endroit « où tout semble jouable » est enfin repéré, il faudra préciser cela demain.

Une mission: trouver un lieu avec une superficie, un relief, une proximité certaine avec les calcaires, et de l’eau en vu de l’implantation des installations d’UP2022
Une mission: trouver un lieu avec une superficie, un relief, une proximité certaine avec les calcaires, et de l’eau en vu de l’implantation des installations d’UP2022

Le 16 mars à 7 heures du matin, Bernard sonne de nouveau le réveil, ce qu'il fait particulièrement bien ! Il faut être efficaces aujourd’hui : l’équipe doit rattraper autant que possible le retard d'une demi-journée cumulé depuis Puerto Edén. Florian et Bernard se chargent donc de débarquer sur le site identifié la veille. Natalia et Denis partent en barque pour reconnaître dans le détail le col de jonction avec le Barros Luco (temps de parcours, difficultés du terrain).

Vue sur l’une des résurgences du seno Egg depuis le point d’implantation prévu pour UP2022
Vue sur l’une des résurgences du seno Egg depuis le point d’implantation prévu pour UP2022
L’ouverture du cheminement pédestre de connection entre le seno Egg et le seno Barros Luco
L’ouverture du cheminement pédestre de connection entre le seno Egg et le seno Barros Luco

Les objectifs sont atteints, même si la surface calcaire agit comme un aimant : aucun de nous ne peut s’empêcher de repérer des yeux, avec l’appareil photo ou aux jumelles, les innombrables  fractures, cavités et résurgences visibles. Toutes semblent à porté de main... Mais patience ! On verra tout ça en 2021 ; pour l’heure, on rembarque.

À 20 heures, sous un magnifique coucher de soleil patagon, le bateau jette l'ancre dans une anse à proximité du canal Concepción. Nous ne sommes plus qu’à trois heures de Guarello, prochaine étape du voyage, où nous devrons récupérer le matériel laissé en attente en 2019.

Dans un bateau de pécheurs, on ne manque jamais de nourriture. David et Juan preparent des poissons attrapés le matin même au filet
Dans un bateau de pécheurs, on ne manque jamais de nourriture. David et Juan preparent des poissons attrapés le matin même au filet

Le 17 mars à 7 heures du matin, avant même que Bernard n’ait le temps de réveiller l'équipage, le bateau est déjà en route pour Guarello, où il arrive à 11 h 30. Après plusieurs jours de navigation, l'équipe ne pense qu'à une chose : prendre une bonne douche bien chaude à la base minéralière. Un temps de réconfort assuré, puisque, comme à son habitude, la CAP a donné des instructions pour nous recevoir avec toute l'hospitalité qui la caractérise... Erreur : c’était sans compter sur la durée de notre navigation depuis Puerto Edén, un temps où nous étions coupés du monde, alors que le Chili commencait à mettre en place des mesures drastiques pour empêcher la propagation du Covid-19 ! À notre arrivée au port de Guarello, le débarquement nous est refusé, d’autant plus qu’il y a des passagers étrangers à bord... C’est donc par radio que Bernard coordonne avec le personnel de la mine ce qu’il est possible de faire : la dépose puis l'enlèvement du matériel que nous étions venus chercher sur la zone portuaire, seul point d’accès autorisé dans un contexte qui apparait bien vite comme compliqué. Tout est finalement retrouvé et acheminé, sauf une de nos tentes russes, qui semble avoir disparu des radars... La situation sur la base minéralière n’est pas simple, d’autant que le Tacora, le minéralier de plus de 200 m de long qui assure le transfert du calcaire vers le nord est en cours de chargement : c’est une période de suractivité pour les personnels de la mine, qui doivent concentrer leur action sur les opérations concernant le navire afin qu'il puisse partir le plus vite possible. Par ailleurs, depuis le matin, le vent ne cesse de forcir dans la rade de Guarello du fait de la tempête annoncée. Dans ces conditions, rien d’autre à faire qu’à reprendre la mer sans plus attendre. La traversée du canal Concepción s’annonce mouvementée et c’est une sage décision que de préférer le franchir avant la nuit.

L’équipage du Cabo Pilar en action
L’équipage du Cabo Pilar en action
Coucher de soleir, un rayon de paix au royaume des saumons sauvages
Coucher de soleir, un rayon de paix au royaume des saumons sauvages

Le 18 mars, toute l’équipe est sur pied aux aurores. Dès 7 heures, le bateau met le cap sur le prochain point-clé du voyage : la zone du glacier Peel. La pluie est au rendez-vous et la visibilité très mauvaise, tout au long des senos qui composent le cœur même du parc Bernardo O'Higgins. Ici, notre objectif est de définir où nous allons pouvoir implanter le camp provisoire d’UP2022, sur cette vaste zone au potentiel d'exploration sous-glaciaire méconnu. La grande quantité de growlers et d'icebergs dans les senos complique l'avancée de notre bateau (en bois). Il en sera assurément de même lorsqu’au cours d’UP2022 nous voudrons approcher les diverses langues glaciaires du secteur avec nos bateaux… pneumatiques !

Les  approches nombreuses et délicates de la côte pour nos repérages, en évitant les icebergs sont compliquées. Elles imposent de jeter l'ancre puis de la relever à chaque stop.. Mais ça vaut le coup, l’équipe à finie par trouver  un endroit pour l’implantation du campement temporaire de l'équipe glacier au cours d’UP2022
Les approches nombreuses et délicates de la côte pour nos repérages, en évitant les icebergs sont compliquées. Elles imposent de jeter l'ancre puis de la relever à chaque stop.. Mais ça vaut le coup, l’équipe à finie par trouver un endroit pour l’implantation du campement temporaire de l'équipe glacier au cours d’UP2022

Le 19 au matin, l'équipe tente de pénétrer au plus loin dans le seno Calvo : Il y a en effet moins de glaces dérivantes et d'icebergs aux premières heures de la matinée que dans la suite la journée. Nous parvenons à nous approcher à moins de 200 m de cibles possibles, tel le front glaciaire de l’une des langues environnantes. Un lieu d’implantation pour le futur camp est repéré à l’abri des émissions glaciaires. Rien dans la beauté sauvage et la paix de ce bel endroit ne permet de savoir ce qui se passe au même moment dans le reste du monde... Cependant, anticipant notre retour et considérant le protocole appliqué à Guarello, nous prenons les devants. Par téléphone satellite, nous joignons Wilfredo, notre contact sur le continent. Nous apprenons que la situation se complique : le Chili vient de décréter l'état d'urgence catastrophe et les ferries ont dorénavant l’interdiction formelle d’embarquer des passagers étrangers. Notre retour sur Puerto Natales via le ferry passant le 22 mars à Puerto Edén devient donc de plus en plus problématique, …même si tout le monde préfère continuer pour l’instant à garder l'espoir...

Au confin des fjord Peel et Calvo on peu voir plusieurs magnifiques langues glaciaires présanter de présomptueux potentiels exploratoires. Leur accès semble toutefois souvent, compliqué
Au confin des fjord Peel et Calvo on peu voir plusieurs magnifiques langues glaciaires présanter de présomptueux potentiels exploratoires. Leur accès semble toutefois souvent, compliqué
Une Petrelle en pleine manœuvre d’amerrissage
Une Petrelle en pleine manœuvre d’amerrissage

Ce 20 mars, le jour n’est pas encore levé, mais l'équipage a déjà pris son cap : les marins sont prêts à tout pour écourter autant que possible les 20 heures de navigation qui nous séparent de Puerto Edén, maintenant qu’ils savent que nous rentrons. Ils avancent à bonne vitesse malgré l’absence de visibilité et la nuit déjà noire depuis un moment. Bernard doit presque leur imposer de jeter l'ancre ! Il est en effet bien inutile d'atteindre le port avant l’aube alors que la Covid-19 paralyse le monde.

Le protocole sanitaire en place, à l’arrivée de l’équipeet avoir de se voir mise en confinemment
Le protocole sanitaire en place, à l’arrivée de l’équipeet avoir de se voir mise en confinemment

Le 21 mars, après nous être annoncés par radio, nous arrivons à Puerto Edén où l'autorité portuaire, les carabiniers et l'infirmier local, nous attendent. Personne ne montre de signe de contagion, mais si nous ne pouvons pas, quoique indemnes de virus, prendre le ferry le 22 pour Puerto Natales, nous perdrons nos correspondances vers Santiago puis Toulouse. Les instructions gouvernementales sont claires ! Confinement oblige, nous devons terminer devant Puerto Edén et jusqu’au 26 notre quarantaine, considérée comme en partie réalisée lors de notre navigation... Sachant qu'il n'y a qu'un seul ferry par semaine vers Natales, la suite est simple : rester sept journées consignés à Edén, à suivre de loin les nouvelles qui nous parviennent : annulations de vols, fermetures des frontières, établissement d’une quarantaine dans de plus en plus de villes chiliennes. Il faut envisager un plan B...

Alessia, Cristina et Antonia avec les mains dans la pate à pain	Pizza de centolla et saveur  salami.. Taille XXL version “Puerto Edén”
Alessia, Cristina et Antonia avec les mains dans la pate à pain Pizza de centolla et saveur salami.. Taille XXL version “Puerto Edén”

Juan, notre armateur, est également consigné avec nous, pour avoir été en contact avec des étrangers. Au soulagement de tous, il nous ouvre grand les portes de sa maison, où nous bénéficions de toutes les commodités. Ce temps est mis à profit par Gilles pour avancer sur le projet de film UP2022, mais aussi pour établir le rapport de pré-expédition, affiner les détails techniques concernant les futurs camps, détailler les besoins logistiques, sélectionner des images, décharger tous les waypoints et nouvelles routes repérées ou pratiquées ces derniers jours.

Pose d’isolation dans la future maison d’acceuil de Juan	Travaux administratifs en confinemment dans la maison de Juan
Pose d’isolation dans la future maison d’acceuil de Juan Travaux administratifs en confinemment dans la maison de Juan

Les échanges de messages et de courriers électroniques avec le service consulaire, l'ambassade de France, Air France et les autorités locales ne manquent pas pour tenter de préparer notre retour vers la France. Les derniers vols de rapatriement sont en cours de négociation pour le 1er avril avec le gouvernement chilien. Malheureusement sur place, la connexion est aléatoire, les nouvelles arrivent donc difficilement et le contact avec les personnes-clés ou nos familles est sporadique. Malgré toutes ces incertitudes, notre enfermement forcé se passe bien grâce à nos hôtes qui font tout leur possible et nous régalent de délicieux plats locaux. Au fil des heures et des jours, les passe-temps des uns et des autres s’établissent et se diversifient. Florian et Denis s’adonnent dorénavant à la menuiserie dans la maison de Juan, tandis que Natalia et Bernard poursuivent leur puzzle logistique et organisationnel pour préparer 2021.

La section “Vie, science et Technologie” du journal Chilien, “El Mercurio” nous contacte,, sachant notre présence sur Puerto Edén, pour un de leur écrit, ils souhaitent savoir comment les spéléologues se confrontent à l’isolement
La section “Vie, science et Technologie” du journal Chilien, “El Mercurio” nous contacte,, sachant notre présence sur Puerto Edén, pour un de leur écrit, ils souhaitent savoir comment les spéléologues se confrontent à l’isolement

Le 26 mars, le téléphone de Bernard n'arrête pas de sonner. Les messages d'Air France se suivent, l'informant que le processus d'enregistrement pour le vol Santiago - Paris de l’après midi même est ouvert... super ! Ce même matin à 10 h, rendez-vous est pris sur le quai d’embarquement de Puerto Eden, où - après visite médicale - l’équipe sera libérée et recevra un passeport santé, autorisant chacun à se déplacer sur le territoire chilien. Première victoire, première fenêtre pour se dégourdir un peu les jambes ! Mais l’embellie ne dure que quelques minutes. Nouveau bip-bip sur le téléphone, c’est le consulat : "Nous sommes désolés de vous informer qu'il n'y aura pas de vol le 1er avril. Le dernier vol en cours de négociation est prévu pour le 31 mars. Aïe ! Il nous est impossible d'arriver à Santiago le 29, vu l'heure de débarquement du ferry à Puerto Natales. D’autant que depuis plusieurs jours maintenant, il y a couvre-feu dans tout le Chili de 22 heures à 5 heures du matin. Enfin, on sait aussi que le nombre de vols Punta Arenas-Santiago a été réduit, sans précision sur leur fréquence... À 11 h, au coin d’une passerelle et par le plus grand des hasards, nous apprenons que cet après midi même, à 17 heures 30, le ferry d’une autre société : Navimag, doit relâcher à Puerto Eden. Il arrivera de Puerto Montt et se rendra à Puerto Natales, avec plusieurs jours de retard, et il a l’ordre strict de ne prendre à son bord aucun passager. Un plan C, plus qu’opportun, est du coup activé... Et se sont aussitôt les téléphones de Natalia et Bernard qui se mettent à fumer : l’équipe doit coûte que coûte monter à bord de ce ferry, sinon son séjour sur Puerto Edén pourrait bien se prolonger très longuement, d’autant qu’une rumeur commence à circuler la fermeture à venir de toute la région de Magallanes, en raison de l'avancée du virus…. Gros nuages à l’horizon !

A bord du bateau, en approche du Navimag avec toute l’équipe à bord, mais toujours dans l’attente d’obtenir l’autorisation d’embarquer
A bord du bateau, en approche du Navimag avec toute l’équipe à bord, mais toujours dans l’attente d’obtenir l’autorisation d’embarquer

Les heures passent et les nouvelles qui arrivent sans cesse sont contradictoires : notre équipe aura bien la résolution sanitaire nécessaire pour voyager ; mais la compagnie ne nous autorisera pas à embarquer ; toutefois les autorités s’organisent pour que le bateau nous prenne... Contrairement au ferry TABSA, les dimensions du ferry Navimag ne lui permettent pas de venir à quai, il faut donc trouver une embarcation pour rejoindre le ferry. C’est notre ami Aliro qui se propose pour nous conduire ; il arrive à 17 heures. Natalia et Bernard sont toujours au téléphone. Il est dit d’un coté à Bernard que tout va bien ; mais de l’autre à Natalia, par la directrice commerciale de Navimag, que l’équipe ne pourra pas monter à bord. Sur l’embarcation conduite par Aliro, il y a déjà, Maria-Jose, sa femme, la petite-fille de Gabriela Paterito, et l'infirmier de Puerto Eden... Alors que le bateau se dirige déjà vers le ferry, Natalia est informée du fait que l’équipe ne serait pas autorisée à embarquer, au motif que la compagnie n'a pas reçu la résolution sanitaire... Salim, l'infirmier, qui s'est occupé de la santé de tous et nous accompagne jusqu'à la dernière seconde, allume son ordinateur portable, se connecte à son téléphone et envoie la résolution tant attendue à Natalia, toujours au téléphone avec le responsable de Navimag... Bingo ! Vous pouvez embarquer ! Ouf ! Aliro accélère le mouvement et s'accouple à la rampe du monstre de fer. Une dernière discussion entre le commandant et les autorités locales s’engage... Après d'interminables minutes, l’équipe est finalement autorisée à embarquer à bord du Navimag, qui lève aussitôt l’ancre pour Puerto Natales...

Tout comme le TABSA, le Navimag est l’un des rares moyen logistique en place pour subvenir à l’approvisionnement de  Puerto Edén
Tout comme le TABSA, le Navimag est l’un des rares moyen logistique en place pour subvenir à l’approvisionnement de Puerto Edén

La partie n’est pas encore gagnée, nous n’avons que 30 minutes chono pour coordonner maintenant notre arrivée à Puerto Natales et notre transfert à Punta Arenas... tant que le téléphone mobile fonctionne encore...

Le 27 mars à 16 heures le Navimag commence ses laborieuses manœuvres d'accostage à Puerto Natales. Il faut ensuite 3 longues heures avant qu'il ne soit autorisé à débarquer ses passagers et ses personnels : les autorités sanitaires devant appliquer un protocole spécial coronavirus. L'autorité maritime nous soumet également à un questionnaire exhaustif sur notre voyage. En fait, Puerto Natales est fermé aux touristes mais, heureusement, nous avons Héctor et sa famille, propriétaires du bel Hostal Baquedano et amis de Natalia et Wilfredo, qui ont accepté de nous accueillir chez eux. Ils nous attendent depuis deux heures sur le quai. Mais alors que tout semble s’arranger avec l'autorisation de débarquer, Bernard reçoit un message du consulat l'informant qu'Air Fance vient de supprimer son dernier vol Santiago-Paris qui était prévu au 31 : le dernier vol part aujourd’hui à la même heure... Pas bien le choix, il faut passer au plan D.

La soirée à l'auberge est bien courte. Alors que Bernard s’affaire à trouver de nouvelles réservations sur les derniers vols de retour vers la France, Héctor et Natalia trouvent un magasin ouvert où l’on peut encore acheter quelques plats à emporter. C’est du coup tard dans la nuit, seuls dans la salle à manger de l'auberge, que l’équipe peut alors se restaurer en savourant son retour sur le continent.

En application des nouvelles mesures sanitaires en vigueurs, le bus ne permet plus qu’un seul passager par banquette ce qui réduit considérablement sa capacité de transport
En application des nouvelles mesures sanitaires en vigueurs, le bus ne permet plus qu’un seul passager par banquette ce qui réduit considérablement sa capacité de transport

Le 28 mars, l'aube se lève dans la pampa patagone alors que l’équipe est déjà en route pour l'aéroport de Punta Arenas. Nous somme très clairement le dernier contingent d’étrangers non résidents à quitter Puerto Natales. Coup de chance dans ce maelström, nous parvenons à obtenir des places sur le seul vol de la journée fonctionnant encore vers Santiago. A 17 h 30, nous atterrissent à Santiago. Natalia qui vit dans une des communes de Santiago, peut tout de même rentrer chez elle, malgré la quarantaine totale. Denis, Florian, Gilles et Bernard ont encore deux nuits d'attente et de transit entre Santiago et Sao Paulo, avant de reprendre l’air via Londres pour terminer leur course à Toulouse, le 31 mars en milieu de matinée.

Le terminal des embarquements Internationaux de l’aéroport de Santiago. Plus de 95 % des vols sont annulés et l’équipe est là, à quelques minute de démarrage du couvre feu, dorénavant en place sur tout le Chili de 22h à 5h du matin
Le terminal des embarquements Internationaux de l’aéroport de Santiago. Plus de 95 % des vols sont annulés et l’équipe est là, à quelques minute de démarrage du couvre feu, dorénavant en place sur tout le Chili de 22h à 5h du matin

Rien ne fut facile dans cet environnement évoluant constamment, et si nous avons pu réussir à quitter le confinement au chilien, ce fut évidemment pour le retrouver en France.

Mais les objectifs du voyage de reconnaissance ont été atteints malgré tout !

Merci à nos amis de Puerto Edén, de Puerto Natales et de Punta Arenas.

Merci également aux autorités régionales de Magallanes, au consulat et à l'ambassade de France pour leur soutien
Merci également aux autorités régionales de Magallanes, au consulat et à l'ambassade de France pour leur soutien

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