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L'expédition à un mois du départ ...

Publié le 10-12-2018

Le 3 janvier démarre l'expédition Ultima Patagonia 2019. Des préparatifs intenses, une accélération dans la dernière ligne droite et, bientôt, enfin, le monde sauvage de Madre de Dios pour nous tout seul !

Barros Luco, nous revoilà ! Photo Arnaud Malard-Centre Terre
Barros Luco, nous revoilà ! Photo Arnaud Malard-Centre Terre
Quelques heures d'avion de Paris à Santiago. La Patagonie c’est encore 4 heures de vol, plein sud !
Quelques heures d'avion de Paris à Santiago. La Patagonie c’est encore 4 heures de vol, plein sud !

Objectifs à tout va

Le décompte est enclenché : dans un mois, le 4 janvier 2019, les membres de la pré-expédition arriveront à Punta Arenas, au bord du canal de Magellan. Ce ne sera pas pour faire du tourisme. Un programme chargé les y attend. L'expédition n'aura à manger que ce qu'elle chargera dans les cales de ses bateaux, et la liste des vivres à acheter sur place est impressionnante, soit 4 tonnes, correspondant à… 1607 jours/personne. Les explorateurs, cela ne se nourrit pas de grand vent ni d'eau de pluie, même si tout ceci vous tombe dessus avec une régularité de métronome. Ne pas oublier le sel, car l'épicerie la plus proche est à 250 km. Un peu loin en canot Bombard.

Il leur faudra aussi réceptionner le conteneur de 30 m3 qui a quitté Fos-sur-Mer le 19 octobre, déballer ses 9 tonnes de contenu pour le répartir en fonction des trois objectifs du début de l'expédition, acheminer tout ça à Puerto Natales et charger les cales des différentes embarcations affrétées, pour que, dès l'arrivée du reste de l'équipe, le 9 janvier, chaque bateau puisse larguer les amarres, et se diriger vers son objectif.

Une flottille de navires de pêche adaptés à l’expédition va assurer plus de soixante mouvements de bateau durant les deux mois de l’expédition. Photo B. Tourte-Centre Terre
Une flottille de navires de pêche adaptés à l’expédition va assurer plus de soixante mouvements de bateau durant les deux mois de l’expédition. Photo B. Tourte-Centre Terre

Un nouveau minéral : la glace

Un premier groupe va explorer des cavités dans un minéral que Centre Terre n'a pas l'habitude de fréquenter : la glace, ou si vous préférez les profondeurs inexplorées du glacier Tempano, l'un des dégueuloirs du Gran Hielo Patagonico. Là, au bout du fjord Tempano, le glacier vêle dans la mer.

Renforcés d'une forte participation de chercheurs doctorants chiliens et japonais, les spéléos de Centre Terre vont essayer d'en parcourir les entrailles, dans des "moulins". Ces puits sont creusés dans la glace par les eaux de fonte qui circulent en surface du glacier dans des bédières, rappelez-vous ce sera l'été austral…

Les chercheurs vont étudier les formes d'érosion, pour les rapprocher de celles observées par les karstologues à la surface des marbres des îles calcaires de l'archipel. Des biologistes vont traquer la vie animale, bien présente dans cet univers ingrat.

Vu du ciel, le glacier Tempano présente un réseau de failles complexes, témoins des pressions énormes qu'il reçoit au moment de vêler dans la mer. Image Google Earth.
Vu du ciel, le glacier Tempano présente un réseau de failles complexes, témoins des pressions énormes qu'il reçoit au moment de vêler dans la mer. Image Google Earth.

Réveiller la cabane

Les trois autres bateaux vont naviguer de conserve jusqu’au Canal Concepcion, de là, les destins se sépareront pour un temps : deux embarcations vogueront vers Guarello et la troisième directement sur le Barros Luco, avec à son bord la fine équipe des techniciens du bâtiment. Ils auront la charge délicate de redonner vie à la belle endormie, notre jolie cabane – pardon la "base scientifique" – qui se morfond depuis deux ans sur son promontoire, avec vue imprenable sur les tempêtes quotidiennes subies par le fjord. Il leur faudra vérifier l'état structurel des installations de la cabane et des plateformes pour les tentes, réparer les éventuels dommages survenus depuis, puis réinstaller l'électricité, l'eau courante et l'eau chaude, y adjoindre une véranda et agrandir les plateformes, vu le nombre en hausse des participants de cette expédition. Nul doute qu'ils ne chômeront pas. S'ils ont fini à temps, ils pourront partir en exploration vers des zones encore vierges du massif nord de l'île…

Cette zone entre Guarello et le Barros Luco, repérée en 2010, recèle des comètes de roche et des champignons de calcaire à foison. Photo F. Chenu-Centre Terre
Cette zone entre Guarello et le Barros Luco, repérée en 2010, recèle des comètes de roche et des champignons de calcaire à foison. Photo F. Chenu-Centre Terre

La traversée de l'île

Les deux autres bateaux qui se rendent à Guarello auront une tâche bien particulière : préparer les vols en hélicoptère qui vont déposer un peu partout sur l'île des bidons gavés de matériel et des vivres sur les nombreux sites que l'expédition a prévu d'investir cette année, notamment dans la zone inexplorée au nord du Barros Luco. Ces déposes vont aussi faciliter la traversée de l'île de Guarello au Barros Luco, par une équipe scientifique menée par Stéphane. Ils vont retrouver une zone riche en "comètes de roche" et autres "champignons", repérée en 2010, et instrumenter quelques-uns de ces phénomènes géologiques uniques.

L'objectif est d'obtenir des données sur deux mois corrélant force et direction du vent, précipitations, températures, pression atmosphérique, et âge du capitaine. Couplées à des photogrammétries précises de ces phénomènes, les chercheurs vont pouvoir modéliser ces phénomènes pour en percer les secrets.

Enfin, le navire amiral, avec une partie des leaders de l'expédition, Bernard et Richard, le responsable scientifique, accompagnés de Gilles, réalisateur du film, et d'une équipe de tournage, va se consacrer à quelques séquences particulièrement importantes pour le film scientifique, commandé par ARTE : observation des fonds sous-marins, étude des formes d'érosion des karsts, avant d’aller à son tour rejoindre l’équipe glaciers. Il est à noter que l'équipe des glaciers comme celle de la traversée embarquent également un cinéaste pour immortaliser ces moments d'explorations et de science.

Normalement, (mais la "norme" est-elle un concept transposable à l'archipel de Patagonie ?), si les dieux du vent et des tempêtes l'autorisent, l'équipe devrait se retrouver réunie à la cabane du Barros Luco vers la 3e semaine de janvier… Les transferts des équipes du Barros Luco vers l'extérieur, et vice-versa s’effectueront probablement en empruntant à pied la "passe des Indiens", un chemin ancestral qui leur permettait de pousser leurs canots sans se risquer inutilement dans un itinéraire purement maritime, au milieu des récifs et des hauts-fonds du Pacifique.

Mais tout ceci vous sera régulièrement conté sur notre journal de bord, grâce à la station satellite Marlink que nous allons installer à la cabane.

La partie invisible

S'il est aisé d'imaginer le déroulé de ces objectifs ambitieux de janvier, sa bonne réalisation n'a rien d'évident. Tout dépend de nombreux facteurs, dont la météo, mais ce n'est pas le plus important : on sait faire le gros dos quelques jours, abrités dans une crique ou sous la tente. Non, ce qui est le vecteur de la réussite, c'est l'intense travail de préparation, mené simultanément en France par Bernard, et au Chili par Natalia.

Un travail d'information, de partage, de réunions techniques avec l'Armada du Chili, avec le ministère des Biens Nationaux, le gouverneur de la XIIe région, avec la presse, avec les entreprises locales et les partenaires institutionnels. Un travail qui ne cesse de s'intensifier, à quelques jours de l'arrivée du conteneur à Punta Arenas et à un mois du lancement de l'expédition.

Un budget à la hauteur des ambitions

Aujourd’hui, le budget de l'expédition Ultima Patagonia 2019 n’est pas bouclé. Toute l’équipe poursuit inlassablement sa recherche de partenariats. L’équipe tient évidemment à remercier tous les partenaires déjà engagés, institutionnels, privés - une multitude d’entreprises qui nous soutiennent déjà - voire à titre individuel. Ils sont tous visibles ici (https://www.centre-terre.fr/up2019-partenaires.ph), qu’ils soient encore une fois grandement pour leur soutien à ce projet qui, du coup, est aussi un peu le leur.

L'aide de l'hélicoptère

L'hélicoptère sera un moyen de résoudre une difficile équation : comment explorer cette île gigantesque sans charger 50 kg dans son sac à dos… Photo B. Tourte-Centre Terre
L'hélicoptère sera un moyen de résoudre une difficile équation : comment explorer cette île gigantesque sans charger 50 kg dans son sac à dos… Photo B. Tourte-Centre Terre

Il est difficile de porter plus de 25 kg de matériel dans son sac à dos, ce qui limite l'envergure des raids pédestres. Un des secrets de la réussite du projet 2019 sera d'obtenir le soutien logistique d'un hélicoptère, pour déposer du matériel et des vivres en divers points logistiques encore inexplorés sur la partie nord de l'île.

Pour faire venir un hélicoptère sur Madre de Dios, plusieurs paramètres doivent être au vert simultanément : d'abord une météo un tant soit peu clémente. Il y a quatre heures de vol de Punta Arenas à Madre de Dios, si on rajoute 3 heures de rotation sur zone, on arrive à un temps de vol de 10 à 12 heures. On ne va pas vous raconter d'histoire, la facture est salée, et vous pouvez d'ailleurs tous nous aider à mieux l’honorer, en faisant une donation (une part est déductible des impôts, voir https://www.centre-terre.fr/up2019-appel-dons.php).

Mais la réussite nécessite aussi une logistique pour approvisionner la base de Guarello en kérosène… et l'hébergement sur place de l'équipage et le conditionnement de l'appareil s'il se trouve bloqué par le mauvais temps… Il faut aussi anticiper le déroulement des déposes, avec des priorités à tenir en cas d'évolution météo défavorable, etc. Bref, un bon casse-tête depuis trois mois pour Natalia et Bernard.

Le projet scolaire

Collégiens et lycéens de Toulouse durant la visioconférence du 20 février 2017. Photo LH Fage-Centre Terre
Collégiens et lycéens de Toulouse durant la visioconférence du 20 février 2017. Photo LH Fage-Centre Terre

À un mois du départ, une centaine de classes sont inscrites sur le site de l'académie de Toulouse. 2019 sera assurément un grand cru pour le projet scolaire. Il y a même une classe à Cayenne ! Cette réussite comble de joie l'équipe et par-dessus tout Élodie Mulot, qui est à la manœuvre, en digne fille de son père José, pour coordonner ce projet ambitieux.

Fiches pédagogiques, documentation ressource, forum d'échange, suivi des préparatifs et de l'expédition sur le journal de bord…

Le programme comprend une journée de formation à Toulouse d'enseignants par Bernard, Richard, Élodie et Damien Chigot, conseiller technique du Ministère des Sports, rattaché à la Fédération française de Spéléologie.

Enfin, clou du projet scolaire, les visioconférences : Centre Terre organisera deux sessions d'échanges en direct avec les scolaires depuis son camp de base, en février.

L'année scolaire s'achèvera avec un concours des projets réalisés par les classes engagées, avec à la clef une sortie spéléologique encadrée par des membres de l'expédition !


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